La Softerie
Une expérimentation de psychiatrie populaire de proximité & d'économie solidaire et sociale par la production et la vente de boissons (presque) sans alcool, fabriquées artisanalement de la cueillette à l'étiquette par les membres de la TECI.
[2025-11-18 mar. 19:20]
«Quand à l'étonnement, c'est une qualité exigible de tout travailleur […]. Qu'il soit étonné. Parce que l'étonnement autorise la rencontre, la surprise de la rencontre. Le hasard fait le tissu d'une rencontre»1
Introduction à la TECI ?
La
TECI(Terrain d'Expérimentations de Créations & d'Initiatives) est une jeune association à la frontière entre le soin et l'éducation. Elle s’appuie sur l'héritage de la pédagogie et de la psychothérapie institutionnelle pour penser le«Soin en Communs».À travers cette démarche, nous cherchons à
apprendre à prendre soin. Prendre soin des collectifs, des institutions, des lieux quarts, tiers, publics, d'activités… pour prendre soin de celleux qui les traverse et/ou les font vivre.Parallèlement, nous proposons de créer des espaces individuels et collectifs, de découverte, d'expression, d'expérimentation, de participation citoyenne, de création d'activité économique… qui s'appuient avant tout sur le désir des personnes qui la composent.
Sur notre chemin nous avons rencontré l'association Les Temps D'Arts qui nous a accueilli dans son hangar :
«un lieu commun, hors du commun». Le hangar il est un peu comme eux, un peu comme nous, cabossé et coloré. Tout est déjà là, mais tout reste à faire. On s'y sent libre, on s'y sent chez nous. Nous avons trouvé ici notre terrain, quelque part où aller, un espace pour apprendre et expérimenter de nouvelles formes d'être et de faire ensemble et pour transmettre un peu de notre expérience du soin et de l'accueil.
Aux origines de la Softerie
La Softerie c'est une idée qui
circulait dans le hangar depuis quelque temps. Au hangar on se
questionne beaucoup sur le bar/buvette auto-géré :
- Comment et avec quoi on remplit le Bar ?
- Qu'est-ce que ça veut dire auto-géré ? (On est souvent déficitaire, et certain.e.s ont de grosses dettes)
- Est-ce qu'on encourage, facilite des consommations d'alcool problématiques, voir pathologiques ?
- Est-ce que la vente d'alcool doit se faire toute la journée, tout les jours, sur tout les évènements ?
- Est-ce que fête ou être ensemble rime forcément avec alcool ?
Bref, comment prendre soin du bar du Hangar et surtout, de celleux qui le fréquentes ?
Finalement c'est Maëh qui initiera l'aventure. Été 2025 iel appelle la TECI pour proposer de venir faire un stage au Bar du Hangar. Ça tombe bien, les Journées Portes Ouvertes approchent et on veut faire les choses en grand. Cette fois-ci, pas question de vendre des sodas industriels comme alternative à l'alcool ! Alors on commence à préparer des boissons avec les plantes du jardin et les recette des copaines : Sirops, Jus, Fermentation, La Softerie est lancée. Aux portes ouvertes, on nous fait des supers retours sur nos boissons. Alors on en prépare d'autre. On nous propose d'en vendre pendant la grande remontée de La Loire. Alors on continue à en faire. Et nous y voila, maintenant on nous propose même dans faire pour des colloques parisien et une célèbre galerie d'arts Blésoise ! Aujourd'hui, la Softerie illustre donc parfaitement la problématique qui anime la TECI :
Comment créer des «praticables»2 (i.e. espaces
pédagogiques et thérapeutiques) à forte valeur d'émancipation,
sociale et d'usage ?
Soigner l'Accueil et l'Ambiance
À la TECI, avant toute chose, nous cherchons à prendre soin. Et pour prendre soin, c'est évident, il faut commencer par prendre soin de la rencontre, du premier contact. Si, comme nous l'avons vu, «pour pouvoir accueillir quelqu’un, il s’agit de pouvoir arriver à construire un praticable» , la question restait pour nous de savoir :
Comment prendre soin de «l'accueil» — ou, dit autrement — à partir de
quoi peut-on construire un praticable ?
Grâce à la rencontre avec Maëh et cette première expérience des «Journées Portes Ouvertes du Hangar» nous avons touver notre réponse :
C'est à partir des désirs des membres de la TECI que l'on construit un praticable. L'accueil c'est donc avant tout prendre soin des petites idées comme des grands désirs de celleux qui viennent à notre rencontre.
Comme nous l'avons vu, initialement, la Softerie se créée pour répondre à une problématique a priori simple. Celle de la transformation d'un espace parfois perçu comme morbide et mortifère — le bar et les consommations alcooliques individualisées et autonomisées — vers un espace de convivialité, de partage et de rencontre. Ou, dis plus simplement et pour généraliser :
Comment soigner «l'ambiance»
d'un lieu ?
Le Bar c'est un lieu idéal pour traiter cette question. Au comptoir on fait souvent des rencontres, encore faut-il trouver quelques choses à partager avec les autres. Ça commence par ce que l'on met dans son verre, ce que l'on goûte et fait goûter, ce avec quoi on trinque. Maëh elle en savait déjà quelque chose, elle s'occupe déjà du «cluster» à la clinique de Saumery (c'est la petite boutique de la clinique). Cette fois c'est donc notre expérience des clubs thérapeutique qui nous à mis sur la voie :
L'ambiance c'est l'expérience commune que l'on fait d'un lieu, d'un moment. L'expérience de ce qui entre et sort de nos oreilles, notre bouches, nos yeux, notre nez, notre peau. Pour prendre soin de l'ambiance il faut prendre soin de ce qui se partage entre et avec celleux qui sont présent.e.s ; c'est offrir quelques choses à partager entre toustes. Finalement, prendre soin de l'ambiance c'est construire un praticable sur lequel chacun.e peut monter et trouver ça place.
Apprendre par l’expérimentation et la rencontre
Si ces premières experiences sont riches d'enseignements sur notre pratique du soin, pour faire la Softerie il faut aussi apprendre… à faire des softs. Ici, notre approche pédagogique consiste à former une «communauté d’apprenant.es» dans laquelle les accompagnant.es «se positionne[nt] comme apprenant.e[s]»3. Nous nous appuyons sur deux piliers d'apprentissage :
C'est par l'expérimentation que nous parviendrons à identifier ce que nous voulons faire et comment y arriver et c'est par la rencontre avec et entre les participant.e.s puis, avec notre territoire, ses acteur.ice.s et ses habitant.e.s que nous pourrons acquérir les gestes et les savoirs nécessaire pour proposer des produits pertinents et de qualités.
Cette phase d'expérimentation que nous venons de vivre et qui ne fait que commencer est cruciale. Elle permet à celleux qui le souhaitent de s'approprier à leurs rythme le praticable et nous permet de construire autours d'elleux une progression pédagogique qui bénéficiera à toustes. Cette phase est donc un terreau propice à l'élaboration d'un socle de concepts et de valeurs communs nécessaire pour penser la Softerie. On pense notamment aux notions d'alimentation et d'écologie, à l'économie sociale et solidaire et enfin la question du travail et de l'entreprise. Bien évidemment, la Softerie se pare aussi d'un ensemble de gestes techniques, de savoirs et de réglementations nécessaires qu'il faudra identifier, intégrer, perfectionner et organiser pour mener à bien la production des boissons. Il faudra alors partir à la rencontre de celleux qui pourront nous accompagner dans notre démarche (associations, producteur.ice.s, institutions, etc.).
En résumé
La Softerie est donc un objet protéiforme en devenir. Un espace d’apprentissage partagé qui tissent des liens entre le soin, le travail, l'écologie et la création de valeurs d'usage, sociale et sensible. L'aventure ne fait que commencer et les perspectives sont déjà nombreuses : trouver des points de ventes, cultiver notre jardin, fabriquer nos étiquettes et emballages, des boissons en circuit court pour toutes les saisons, participer à la réduction des risque en milieu festif ou ordinaire, auto-financer notre loyer, etc.
Perspectives
Penser la softerie comme un outil pour aller cluber d'autre lieu
Les Jardins
Le Jardin du Hangar
La préparation nécessite des matières premières que nous sommes d'abords allé chercher dans notre jardin et celui de nos copaines. Le jardin revêt evidemment un caractère symbolique fort, mais aussi un aspect stratégique. «Cultiver notre jardin» implique un investissement continue, de la patience, de l'anticipation et de nombreuses connaissances et techniques. Le temps et les investissements donnés à notre jardin nous permettra de choisir et produire nous même des plantes à moindre coût ou qui ne sont pas produites sur notre territoire.
La Réserve
Les jardins ne suffiront pas, il faudra trouver un réseau de producteur pour s'approvisionner et remplir notre réserve. Dans un premier temps
La Cuisine
Imagination et réalisation des recettes
La Mise
Embouteillage
Étiquetage
Viellissement
Conserve
Empaquetage
Le Bar
Vente sur place
Bar Mobile
Fluxus Café
Bar Pirate (la ralingue)
La Boutique
Vente à emporter
Empaquetage
Vente à distance
Livraison
Consigne
Le cadre légale
Puisque l'ambition est de vendre nos productions, il sera necessaire d'entrer en conformité avec la législation en vigueur. Encore une fois, nous attendrons que les participant.e.s se posent
Listes de partenaires
Producteur.ice.s
Les Vergers de la Fontaine
https://www.levergerdelafontaine.fr/ 06 73 73 43 39 levreger2lafontaine@orange.fr 265 rue du gué 41250 Mont-près-Chambort
Au Clos Marie
http://www.auclosmarie.com/ 09 53 64 29 04 contact@auclosmarie.com 41700 Couddes
Brewing Cartel
https://www.brewingcartel.fr/ 06 33 32 69 76 brewingcartel@gmail.com 7 Rue des Minimes 41150 Valloire sur Cisse
41 Patates
Rue de la vaquerie 41000 Blois
Mémé dans les orties
https://www.facebook.com/memedanslesorties41/ memedanslesorties41@gmail.com La Guilbardière 41120 Monthou sur Bièvre
Echinops Graines
PRADIER Laure 7 Les Haies 41230 Lassay sur Croisne contact@echinops-graines.com 06 41 28 28 96 https://echinops-graines.com/
La Maison Marchand
Fanny Marchant 19 rue des églantiers 41350 Vineuil marchantfanny@live.fr 06 59 36 21 09 https://www.lamaisonmarchand41.fr/
Paul le Boulanger du Hangar
Les fourmis vertes
Rue de la vaquerie, 41000 Blois
La Pensée sauvage
68 rue des Mazes, 41000 Blois
Savant.e.s
Isabelle Hannequart
master.alimentation@univ-tours.fr
Lieux de vente
Fluxus café
14 Rue de la Paix, 41000 Blois 02 54 55 37 47 https://www.fondationdudoute.fr/1551-le-cafe-fluxus.htm
Les Temps D'Arts
Artisan.e.s
Atelier couture de Saumery
pour les sacs à bière
Les Lézard
pour les étiquettes
Institutions
Communauté de Commune Blois Agglopolys
La Vaquerie
Amandine DEROUET Chargée de mission développement économique et transition écologique des entreprises 02 54 90 35 80 amandine.derouet@agglopolys.fr
Financements
Pays des Chateaux
Ressources
Diagnostic Alimentation Pays des Châteaux
Plan d'action Alimentation Pays des Châteaux
Footnotes
OURY Jean, DEPUSSÉ Marie, «À quelle heure passe le train… Conversation sur la folie», Calmant-Lévy, 2003, p.36↩︎
Nous empruntons ce concept à la psychothérapie institutionnelle et plus précisément à Jean OURY. Il s’agit pour nous de créer une dynamique entre des « espaces du vivre » — permettant aux participant.e.s d’expériencer et d’expérimenter et aux l’animateur.ice.s d’observer et d’élaborer — avec des « espaces du dire » — ou les expériences vécues deviennent alors support à l’(auto)analyse des pratiques et des dynamiques collectives et subjectives. Les deux définitions suivantes illustrent, selon nous, l’intérêt de ce concept dans le cadre de nos activités et surtout ça proximité avec la pédagogie : (i) « J’ai pensé que notre tâche serait d’essayer de construire, de fabriquer, des tenant-lieux d’espace transitionnel. Sur un mode collectif, c’est ce que j’ai appelé — en prenant un terme de technique théâtrale — des praticables. Pour pouvoir accueillir quelqu’un, il s’agit de pouvoir arriver à construire un praticable. Bien sûr, il ne faut pas chosifier. Il ne s’agit pas de construire une scène avec des planches […] mais la fonction praticable, c’est-à-dire une délimitation de scène construite et reconstruite en permanence — parce que c’est la scène la plus précaire qui soit — consiste à délimiter un site pour qu’il s’y passe quelque chose. » — OURY Jean, in Jacques Schotte (éd.), « Le Contact », Bibliothèque de pathoanalyse, Éditions universitaires, De Boeck Université, 1990, p. 115-116. (ii) « Pour résumer, durant ces activités des effets de la problématique des uns et des autres, mais aussi de l’institution, se révèlent et, dans l’interaction, s’interprètent. [..] Si bien que partager solidairement des moments d’actions concrètes forme un analyseur et un espace perlaboratif. Pour reprendre un terme de Jean Oury, il s’agit de possibles praticables, un praticable étant une scène structurée comme un fantasme, dotée d’une logique analysable car articulant le désir. » — CHAPEROT Christophe, et CELACU Viorica in « Psychothérapie institutionnelle à l'hôpital général : négativité et continuité », L'information psychiatrique, vol. 84, no. 5, 2008, p. 445-453.↩︎
HOOKS Bell, « Teaching to Transgress: Education as the Practice of Freedom », New York, Routledge. 1994, p. 153.↩︎